Pho Mui

Publié le par foodparis

pho_mui.jpgIl fait froid, nous sommes en février, c'est normal. La façade du restaurant Pho Mui est très quelconque (voire un peu glauque), une échoppe de plus dans une rue, un quartier qui en compte des centaines. Je m'approche et commence à percevoir une confuse agitation derrière la vitrine dépolie par la buée. L’odeur de coriandre, d’oignons, d’épices m'attrape doucement par le col et me pousse tranquillement vers l’intérieur. A ma gauche, une sorte de cuisine-cabine à parois de verre, abrite de grandes marmites bouillonnantes. Au milieu, une cheftaine du cru agite une grande louche de métal cabossée en lançant des bribes de phrases courtes et vives. La salle est pleine d’autochtones qui parlent local et avalent leur soupe Pho avec appétit en faisant des grands shhluuuurps. C’est bon signe. Un serveur pressé mais souriant, me lance 2 mots vaguement compréhensibles et me guide vers une table sommaire. Verres de cantine, baguettes en plastique, serviettes en papier, morceau de lino découpé en guise de nappe. Propre, mais pas spécialement soigné. Notez quand même que le lino est imitation bois, ce qui fait plus riche. Je passe commande : bbun cha gio (bo bun aux nems et au bœuf), lait de soja froid dans glace. Le serveur répète en accéléré : « hmm oun a yo, oya roi ». Oui c’est ça, c’est exactement ce que j’ai demandé.
7 minutes plus tard, le Bo Bun est devant mes yeux. Il est chaud, il est copieux, il est honnête et sincère, il ne parle pas françaisDes nems coupés en deux bien croustillants, quelques lamelles de bœuf en sauce, des oignons, des carottes, des pâtes de riz fines et fermes, de la coriandre, quelques cacahuètes concassées… Le temps se figeLes éclats de voix, les intonations tantôt vives tantôt douces, le climat chaud et humide de l’endroit bizarrement serein, égare gentiment mon esprit sur la chaotique route mandarine : Hanoi la paisible, Nha Trang la balnéaire et pour finir, Saïgon la parisienne. Après avoir englouti mon énorme bol, je me laisse aller à la flânerie anthropologisante et demande l’addition. Le Bô-Bun est à environ 190 000 dongs (si mes souvenirs sont bons). Autant dire pas grand chose, pour un voyage exotique à l’ambiance routarde. La téléportation existe.

Pho Mui - 97 avenue d'Ivry - 75013 Paris 

Publié dans Les cantines

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L
<br /> Très bel article, très bien écrit. J'ai voyagé et savouré!<br />
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F
<br /> <br /> Merci beaucoup :-)<br /> <br /> <br /> <br />